Pour se remettre en mémoire le déroulement de l’expulsion de la maison Ricaud.
Article de la Dépêche du 20 juin 2015
Le bras de fer entre Pierre et Marie-Louise Ricaud et l’administration, n’en finit pas deux ans après les inondations dévastatrices de 2013 et que leur jardin ait été emporté par la Garonne. La maison principale, quant à elle, reste menacée par le glissement de terrain de l’à-pic, une vingtaine de mètres au bord du fleuve. Suivant les experts, les Ricaud doivent donc quitter leur domicile. Mais, depuis 2013, c’est la procédure qui s’enlise. Pierre Ricaud explique : « Notre maison a été expertisée plusieurs fois depuis les événements. D’abord estimée à 100 m2, elle fut ensuite à 120 m2, puis à 210 m2, ce qui est plus proche de la réalité. Nous avons accepté la proposition des experts pour un prix au m2 auquel s’ajoutent les indemnités légales. Malgré mon deuil de quitter cette maison où je suis né, le 23 mars dernier j’acceptais la proposition qui m’était faite. Or, deux jours plus tard nous recevions une ordonnance d’expulsion en raison de la confirmation du péril et une nouvelle estimation était proposée, bien inférieure à la valeur réelle du fait que la deuxième maison sur notre terrain n’était plus prise en compte. En outre, l’arrêté de péril a été prolongé ». Face à cette situation, le maire, Alain Castel, a fait une proposition de relogement dans une maison voisine, en payant le loyer, par la mairie pendant 6 mois. Pour les Ricaud, il n’y a pas à transiger : « Nous sommes d’accord pour partir, mais au prix réel, tel qu’estimé en m2 des habitations, et non pas avec des révisions vues à la baisse ». Ils sont donc prêts à entamer une procédure judiciaire pour faire entendre leur droit. Car là où le bât blesse, ce n’est pas sur le prix du m2 qui leur est proposé, mais sur le nombre de m2 dont ils disposent. Selon leur fils, Guy Ricaud, « une telle procédure engendrerait une enquête d’utilité publique, des frais d’avocats alors qu’il suffit de multiplier le prix au m2 par le nombre réel de m2 pour que tout le monde soit d’accord ». Et il parle « d’acharnement» envers ses parents qui sont, à plus de 80 ans, épuisés par ces déboires juridiques, son père étant gravement malade et effondré face à la situation. S’il reste la possibilité d’un accord amiable pour tout résoudre, chacun, ici, à Pointis-de-Rivière est prêt à le saisir pour dénouer une situation devenue insupportable, tant pour les Ricaud que pour la mairie.
« Une situation désagréable »
Pour Alain Castel, maire de Pointis-de-Rivière : « Les propositions à l’amiable n’ont pas abouti. La procédure d’expropriation est donc inéluctable. J’ai fait faire une seconde expertise qui a confirmé le risque réel de péril lié à un effondrement massif. Il reste donc 30 jours aux occupants pour quitter les lieux, sachant que je leur ai fait une proposition de relogement. Si rien ne se passe, je devrais saisir le sous-préfet. Ceci est désagréable pour tout le monde ».
Depuis, la semaine dernière la maison a été écroulée, les anciens n’auront que le souvenir d’une famille heureuse de vivre dans la maison de famille qui avait vu naître Pierre Ricaud.